• Où est 1900?
    Sur le bord d'une vieille table en bois destinée à rester sur place? Sur des frontières entre fjords, champs d'herbe jaune ou bars oubliés?

    La scène ne suffit plus à un comédien, comme le cadre ne suffit plus au réalisateur, ni la partition au musicien.
    Repousser sans cesse les limites de nos oublis et perdre nos souvenirs dans des photos jaunies qui ne nous appartiennent pas.

    Non, ce n'est pas MA bouche contre TES lèvres, mais celle de notre passé. Et le goût de ta langue est désormais celui d'une autre. Ou du tien, mais ailleurs...

    En aucun cas, il est question de virtualité.
    J'écris CHAIR
    ORGANES
    SANG
    SALIVE
    SPERME
    Nos peaux contre les tiennes et celles des autres.

    FRONTIERE ... 


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  • Je suis derrière la porte. Scrutant attentivement le ballet incessant des hommes qui salissent ton espace.

    Tu t'es battue pour vider. Nettoyer. Batir. Reconstruire. A en devenir égoïste. A m'oublier parfois dans des endroits que je déteste. Seul face aux vautours du zinc, prêts à payer pour s'offrir tes faveurs.
    J'ai parfois eu l'impression de jouer le proxénète. Ou le caissier au cinéma quand ces porcs me demandaient un abonnement illimité.
    Je revenais toujours le lendemain matin pour te découvrir les yeux éclatés et les cuisses rougies par la violence de tes rapports. Je te prenais dans mes bras. Tes cheveux sentaient la cigarette, l'alcool et le mauvais parfum masculin. Celui acheté en même temps que le pack de bières planqué dans le coffre de la bagnole.
    Tu pleurais, puis t'endormais.
    Je restais là. Tu avais peur d'être seule. Seule pour dormir. Manger. Nettoyer. Respirer.

    Pourtant, tu continuais à offrir ton cul au premier mâle.
    Au début, tu avais besoin d'alcool. Désormais, c'est à jeun que tu les baises.
    Et je ne viens plus le lendemain matin. Fatigué de nettoyer les traces de sperme sur ton canapé. Dégouté par l'absence de capote dans les poubelles.

    Tu penses vivre à nouveau mais tu te suicides à coup de bites. Ta porte est ouverte en permanence.
    Je t'ai rendu les clés.
    Je ne veux plus être témoin de ta déchéance.

    Tu me dis lâche et tu as raison.
    Mais je ne supporte plus tes compte rendus du lendemain. Le jus de tes partenaires. Cette odeur de mauvais vin blanc, de vomi au fond de la cuvette. Le sang sur ta nuisette.
    Pas chez toi en tout cas...

    Non, pas chez toi... 


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